Thèse Doctorat - Histoire

Sunday, July 09, 2006

Exposé

Paris-St-Denis, le 7 janvier 2000.
9 h 30. Salle : G 201

Sur le choix du sujet.
Le sujet a été retenu de concert avec le directeur de recherche M. René Gallissot.
Ce choix s'est fait aussi pour de multiples raisons :
- Pourquoi le M'zab ?
Il s'agit d'un choix plus au moins personnel. Faire parti du même groupe social et mener une vie au sein de cette communauté, offrent des connaissances capitales et de base qui échappent souvent à l'observateur "étranger".
Cela, nous permets aussi de gagner la confiance des personnes concernées dans cette étude. C'est pourquoi, d'ailleurs, dans le cas contraire, plusieurs recherches et enquêtes, menées dans ce sens, ont été abandonnées ou restées inachevées, à cause d'obstacles de terrain.
Pour les mêmes raisons (c'est-à-dire, les difficultés de terrain) j'ai abandonné un autre sujet de recherche, avant d'opter pour ce dernier. Il s'agit de Implantation des Mozabites en Tunisie entre 1914-1962, c'est une immigration exclusivement "culturelle", à quelques exceptions près. (Thème que j'ai évoqué brièvement dans la IIe partie de ma recherche et dans la biographie d'Abu-l-Yaqdan). La nature de ce sujet (Les Mozabites en Tunisie), nous conduit à consulter constamment les archives de Protectorat. Ce qui n'est pas évident, surtout, pour un Algérien, notamment pendant cette décennie.
Donc, le choix du terrain est décisif. Ce travail de terrain quasiment acquis, nous permet de préciser encore plus notre objectif.

- Pourquoi l'émigration mozabite ?
Malgré l'abondante matière qui existe sur le M'zab, il est rare de trouver des études académiques qui penchent sur ce sujet. Car celles-ci pour la plupart sont, ou bien des articles ou bien des ouvrages où le commerce et l'émigration mozabite ne sont cités que de passage.
Le mouvement d'émigration des commerçants mozabites, a été souvent noté mais reste peu étudié.
Il semble donc que la littérature intéressant le M'zab ait négligé cet aspect essentiel de la vie matérielle mozabite qui, dans son ensemble conditionne la vie de la société mozabite et qui présente l'un des points caractéristiques le plus dominant de cette communauté.

Champ de recherche.
Parler de l'émigration exclusivement mozabite, ce serait se limiter au mouvement et réseau migratoire des Mozabites, quittant le M'zab à destination du Tell.
Cet aspect migratoire est limité dans l'espace et en partie dans le temps. Cette limitation précise les frontières de notre sujet.
Et comme le titre l'indique, cette recherche tend à accompagner les Mozabites dans leurs milieux d'émigration et dans leurs déplacements permanents pour décrire, au quotidien, cette vie active sur tous les plans : économique, socio-culturel et socio-politique.
Alger, la capitale politique et économique, c'est la ville où la concentration mozabite est la plus considérable, c'est pourquoi notre choix s'est fixé plus précisément sur l'Algérois, selon le découpage administratif de l'époque.
Ce choix s'est fait aussi pour des raisons, plus au moins personnelles, car c'est le centre que nous connaissons le mieux, par rapport aux autres régions du Nord.

Le présent travail s'inscrit à la fois dans un cadre historique et socio-anthropologique. Ainsi, notre champ de recherche s'appuie-t-il essentiellement sur ces deux fondements : l'aspect historique et l'aspect social.
Sur le plan historique, nous mettons l'accent, en particulier, sur la période de l'entre-deux-guerres. Cette durée a été choisie pour des objectifs plutôt techniques :

1) Pourquoi pas avant la première guerre mondiale alors que l'histoire de l'émigration mozabite est beaucoup plus ancienne ?
Cela, en effet, nous permet surtout d'effectuer nos enquêtes de terrain et de réaliser nos entretiens notamment avec des personnes ayant vécu les événements de l'époque (comme acteurs ou comme témoins). Sachons aussi qu'une thèse en anglais sur le commerce mozabite à l'époque turque et pendant l'intervention française en Algérie, existe déjà. (On y reviendra).

2) Pourquoi jusqu'en 1945 ?
Ce champ de recherche nous conduit à étudier un fonds d'archives considérable jusqu'ici resté inaccessible. Il s'agit notamment des archives de GG. (rapports militaires et renseignements généraux) qui se trouvent à Aix-en-Provence, car les derniers cartons qui venaient d'être ouvert aux lecteurs sont ceux datés d'avant la seconde guerre.
Et, cela nous conduit à nous expliquer sur les sources et les matériaux de travail.

Nature des sources.
La matière de cette recherche est épuisée dans des sources de deux natures : écrite et orale.
En ce qui concerne la source écrite, elle est subdivisée en deux parties :

1 - Thèses, mémoires et articles (doc. publiés ou dact.) ;
2- Archives.
I : (Concernant le premier point), il convient de souligner notamment les travaux du Lieutenant Colonel Maurice Vigourous, et ceux de l'Américain Donald Holsinger.
Les travaux de ce dernier, sont inspirés de sa thèse qui s'intitule : Migration, Commerce and Community : The Misabis in nineteeth-Century, thèse inédite, soutenue en 1979.
Il s'agit donc d'une première recherche académique sur le sujet. Le travail est d'un grand intérêt, la source principale de cette recherche est notamment les archives d'Aix-en-Provence, l'auteur a même entrepris une visite au M'zab.
Cependant, comme son titre l'indique, l'auteur travaille sur la période du XIXe siècle. Il a choisi de classer ses chapitres suivant un ordre chronologique depuis la période turque jusqu'à l'annexion du M'zab en 1882. Nos premiers chapitres résument à peu près (ou présentent l'équivalent) de l'ensemble de cette recherche.
Législation de l'eau au M'zab, commerce transsaharien, système et statut des corporations, dispersion du commerce mozabite, statut juridique des Mozabites à la veille de l'intervention française, sont les principaux sujets de son étude. Par ailleurs, le travail est purement historique. (C'est-à-dire, l'étude manque d'analyse et l'auteur ne s'introduit pas dans la recherche pour exprimer son point de vue).
Il convient aussi de signaler, l'un des rares articles publiés sur l'émigration mozabites, est celui de Maurice Vigourous, alors chef d'Annexe de Ghardaïa, au début des années trente.
Les travaux de cet auteur, en tant que observateur, relèvent d'une grande importance. Cet intérêt est aussi lié aux fonctions qu'occupait l'auteur pendant les années trente. Les statistiques officielles ainsi que les quelques notices socio-juridiques que renferme son étude sont très précieuses.
D'autres études moins importantes, par apport à notre sujet, traitant du commerce et de l'émigration mozabites se situent au deuxième plan. Elles sont, par conséquent, plus nombreuses. (Se reporter à notre bibliographie).

II (les archives) : il s'agit notamment des archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence. Il importe de souligner, tout d'abord, que l'importance de cette source est considérable de point de vu qu'elle est : primo inédite, secundo inexploitée.
Tout au long de ces années, nous avons eu l'occasion de fréquenter le Centre à plusieurs reprises.
Certains documents restent encore inaccessibles, notamment ceux datés d'après la seconde guerre. Ils sont soumis à un délai de 60 ans. Quand il s'agit des personnages, chefs indigènes, officiers, ... la loi stipule un délai de 120 ans, à compter de la date de naissance de l'individu.
Ces catégorie d'archives ne sont pas communicables sauf par dérogation.
Nous tenons à préciser, à ce propos, que c'est grâce notamment à ces rapports militaires, que nous sommes parvenus aujourd'hui à avoir une vision sur un passé très riche d'événements et que nous avons pu conserver au moins une face de cette histoire qui risque de tomber dans l'oubli.
Toutefois, il faut rester prudent sur certains événements et traiter quelques données avec précaution. C'est pourquoi, nous avons eu souvent recours aux enquêtes de terrains : c'est-à-dire, la source orale.
Sur ce champ, nos connaissances socio-linguistiques étaient un appui important pour entamer ce terrain.
Mais, contrairement à toute apparence, il s'agit de l'une des étapes les plus difficiles dans cette recherche. Car, généralement, nos déplacements sont conditionnés par des circonstances, souvent, d'ordre administratif. (et, vous diriger tous des travaux de recherches, et, vous êtes certainement au courant de ce genre de problème notamment avec les étudiants algériens).
Sans ignorer, bien évidemment les difficultés qu'engendre ce terrain, car, les conditions défavorables que traverse l'Algérie pèsent lourdement sur ces enquêtes.
La nature du sujet repose, donc, en grande partie sur les déplacements fréquents pour la consultation des centres d'archives et les entretiens. En somme, dans le cadre de cette recherche, nous avons réalisé une quinzaine de déplacements vers l'Algérie et une dizaine d'autres pour consulter les archives d'Aix-en-Provence.
Au total nous avons pu dépouiller une centaine de cartons et nous avons effectué une quinzaine d'entretiens.

L'une de grande difficultés que nous avons rencontrées pendant cette recherche, c'est l'absence, jusqu'à nos jours, d'un Répertoire bibliographique publié sur le M'zab.
Pour faciliter les prochaines recherches menées dans ce sens, ainsi pour mieux éviter ce genre de difficultés, nous avons cru utile de dresser une bibliographie concernant tout ce qui a été préparé (ou publié) sur le M'zab.
Ce recueil, qui est le résultat de sept années de recherches, ne doit pas être considéré comme un objectif en soi mais plutôt comme une base de données susceptibles d'ouvrir la voie à d'autres recherches. Ce travail vise donc à combler une lacune, sans prétendre à l'exhaustivité et nous sommes pleinement conscient de ses faiblesses.

Les matériaux utilisés pour réaliser ce travail ont été recueillis au fil des années dans les bibliothèques et les centres de documentation.
Nous avons parcouru à ce propos plusieurs périodiques notamment ceux datés de l'époque coloniale dont le plus important est la Revue Africaine qui a paru de 1856 à 1961 en 105 volumes.
Dans le cadre de nos études doctorales, la consultation de cette série nous a semblé primordiale. En raison de l'abondante matière que contient cette Revue, on a préféré lui consacrer un inventaire.

Résumé
Les causes qui poussent à l'émigration n'étaient jamais les mêmes dans toutes les régions. En effet, plusieurs facteurs interviennent, principalement : économique, psychologique, démographique et socio-politique.
Toutefois, toutes ces raisons semblent négligeables à celle profondément déterminante dans la quasi unanimité des causes de fuite devant la misère ou la médiocrité. C'est, en effet, le cas du M'zab où la vie reposait sur le palmier et les métiers artisanaux.

L' "insularité" de cette région avait obligé les Mozabites à se déplacer continuellement. L'émigration devient ainsi un trait caractéristique de cette communauté. Et, désormais, l'avenir du M'zab rejoint celui du Tell.

Tout en maintenant leur intégrité communautaire, les Mozabites ont dû s'expatrier se livrant au commerce, comme moyen principal pour survivre. Ces activités commerciales ont encore contribué à individualiser ce groupe social.
La répartition des émigrants mozabites dans l'Algérie du Nord n'affectait pas de manière égale les trois départements. Elle était subordonnée à des conditions géo-économiques. C'est pourquoi l'intensité de ce mouvement a été plus considérable dans le département d'Alger.

Trois voies permettaient aux Mozabites de se diriger vers les villes du Tell :
- par Laghouat et Djelfa vers le département d'Alger ;
- par Laghouat et Aflou vers le département d'Oran ;
- par Guerrara, Touggourt et Biskra, vers le département de Constantine et la Tunisie.

Les Mozabites assuraient, eux-mêmes, leurs propres transports. Certains d'entre eux dirigeaient des entreprises de transports importantes.
Les relations de ces émigrés avec leur ville d'origine étaient fréquentes.
A travers les siècles, les intérêts et le poids économiques mozabites étaient fixés essentiellement au Nord. Le départ d'une partie de la population mozabite masculine vers le Tell a posé dès l'origine divers problèmes qui ont été résolus au mieux des intérêts de cette communauté.
Pour qu'il soit impossible de se fixer en dehors du M'zab à l'étranger, il était interdit aux femmes mozabites de quitter le M'zab. Toutefois, ces stipulations, qui avaient été jadis, si minutieusement respectées, n'ont été plus aussi strictement observées, avec l'émergence du réformisme.
Pour mieux maintenir leur intégrité et sauvegarder leur identité, menacée par une telle dispersion, dans chaque ville du Nord où l'on rencontrait un groupement de Mozabites considérable, ceux-ci désignaient une djemâa de notables, à caractère socio-religieux.
Cette organisation disposait de biens communautaires et tout Mozabite avait droit d'en bénéficier.

L'organisation de la vie mozabite dans le Tell a comporté certaines mesures dont il fallait obtenir des exceptions d'ordre administratif ou judiciaire.
Les conséquences juridiques de l'émigration mozabite comportent en premier lieu, du point de vue administratif, toute la réglementation à laquelle est soumise cette émigration.
Des difficultés s'étaient élevées au sujet des statistiques, des déplacements des voyageurs, des unions mixtes, de la liquidation des successions, de l'application du statut personnel : état civil, mariage, etc.

La situation particulière des émigrants mozabites a nécessité un aménagement de certains textes et l'administration française dut édicter des dispositions qui leur étaient particulières.
C'est ainsi que, par exemple, le décret du 29 décembre 1890 a créé trois mahakma ibadites pour chacun de trois départements, devant lesquelles les Mozabites, établis dans le Tell, pouvaient porter leurs contestations.

Les épreuves difficiles que les Mozabites avaient connues, avaient développé chez eux un esprit de communauté qui n'est pas sans expliquer certains aspects de leur comportement. Cette communauté était restée, plus au moins, solidaire en dépit de toutes les vicissitudes.
Le caractère minoritaire de l'émigration mozabite, les profondes différences qui séparaient l'émigré du milieu qui le recevait, poussaient les Mozabites comme tous les émigrés à rechercher la compagnie de leurs "coreligionnaires", en priorité dans le travail, là où ils avaient le besoin le plus urgent d'être guidés.
Cette solidarité en faisait pour leurs concurrents des commerçants redoutables.
Les relations des Mozabites avec les autres groupes sociaux, étaient très fragiles et le plus souvent dictés par les circonstances.
Les problèmes socio-économiques étaient aussi divers. Le boycottage, à titre d'exemple, a été l'une de ces répercussions. Il s'agit de la menace la plus grave qui pesait sur le commerce mozabite et qui mettait en cause son existence voire même celle du M'zab.
Nous pouvons estimer clairement l'ampleur de ces pertes, si l'on sait que la population mozabite tirait 70 % de ses revenus des boutiques du Nord et de nombreux biens qu'elle y possédait.
Les biens des Mozabites, les organisations dont ils disposaient et leur rythme de vie qui les mettait à l'écart du reste de la société, furent à notre sens l'une des causes de cette crise qui subsistait entre les deux communautés, sunnites et ibadite. L'argument religieux tient toujours sa place dans ces conflits.

Bien que la communauté mozabite présente dans son ensemble une unité de caractère, les habitants de chacune des villes du M'zab avaient leurs propres traditions et chacune avait, également, sa couleur politique régionale dominante.
Les passions politiques qui divisaient le M'zab en deux clans, conservateurs et réformateurs, s'étaient transplantées également en zone d'émigration. Ces controverses qui atteignaient leur comble à partir des années trente, allaient entraver gravement les activités des Mozabites.

L'implantation des Mozabites au Tell pour se livrer au commerce, raison pour laquelle ils avaient quitté leur région, n'était pas restée un objectif en soi. Cette émigration a incité les Mozabites à confronter, simultanément, plusieurs activés pour ne plus rester en marge des événements que traversait l'Algérie. On les voit ainsi prendre part dans l'action politique, engager dans les domaines : socio-culturel, syndical, associatif et journalistique, allant de paire avec toute évolution.

La création d'une presse "indigène" était incontestablement indice de l'évolution de la société algérienne. Les Mozabites, à leur tour, n'étaient pas à l'écart de cette évolution. Depuis la fin de la première guerre mondiale, nous verrons naître de nombreux titres ainsi que plusieurs imprimeries étaient fondées par les gens de cette communauté.

Sur le plan politique, le mozabite faisait en somme preuve des mêmes qualités que dans son activité commerciale : réflexion et sens de l'affinité. Malgré l'esprit acharné des Mozabites contre la conscription, à titre d'exemple, nombre de ceux-ci, en automne 1939, donnaient des sommes relativement importantes aux œuvres de guerre.
La politique mozabite des années vingt, était plutôt orientée vers le nationalisme tunisien, avec un appui important en faveur du Parti Destour dont le trésorier était Salah Cheikh aidé par les Mozabites de l'Est et les étudiants mozabites de Tunis.
Tandis que la lutte politique mozabite dans l'Algérois a fait son apparition par des initiatives individuelles avec quelques éléments nationalistes tels que : Boudjnah, Moufdi et Abu-l-Yaqdan, ...
De nombreux Mozabites militaient dans des organisations nationalistes. Certains d'entre eux, avec un sens remarquable de circonspection, avaient toujours su concilier leur particularisme avec les idées du parti auquel ils adhéraient. Les mêmes personnages parfois militaient successivement, voire simultanément, dans plusieurs partis.

- Présentation.
La communauté ibadite du M'zab a connu, jusqu'en 1882, des statuts, tour à tour, de persécution, d'indépendance et de relégation. L'histoire de la vie politique mozabite est celle d'une région qui a perdu de plus en plus son autonomie pour s'insérer dans un ensemble national.
Résidant pour la majorité d'entre eux dans les grands centres et doués de capacités commerciales, les Mozabites jouent un rôle commercial important et participent activement dans la vie économique du pays, malgré leur nombre infime, en regard de la population algérienne.
L'émigration mozabite est un fait important. Fait d'origine économique, l'émigration produit en premier lieu des résultats économiques. Elle entraîne des conséquences sociales importantes. Enfin, comme tout fait humain, elle conduit parfois à des situations juridiques singulières. Nous avons examiné donc, tour à tour, les conséquences économiques, sociales et juridiques de ce réseau migratoire établis dans le Nord ainsi que les mécanismes de ce mouvement.

Cette population ne vivait pas en ménage en dehors de sa ville d'origine, cela explique pourquoi elle y revenait fréquemment. Les Mozabites implantés dans le Nord s'estimaient, en effet, être, uniquement, des commerçants de passage.
Le comportement économique de la société mozabite, l'aspect et les traits caractéristiques de son émigration, les activités commerciales, sociales, culturelles et politiques menées dans le Nord par ce groupe sont les éléments dominants de cette étude qui tente de jeter une lumière sur cette communauté.
Nous avons étudié aussi la répartition des émigrants mozabites, les branches du commerce qui les intéressaient, ainsi que les éléments statistiques et analytiques de cette dispersion.
L'étude pourrait ainsi servir de comparaison avec d'autre groupes sociaux maghrébins livrés au même destin qui présentent des traits analogiques. Car, les Mozabites, émigrant dans toute l'Algérie, jouaient le même rôle dévolu aux Djerbiens de Tunisie et aux Soussi du Maroc.
- Problématique.
Nous avons d'un côté : identité, communauté, migration, minorité (linguistique, confessionnelle), ... d'autre côté, nous avons : rapports religieux, collaborations et relations socio-politiques, au sein d'une majorité.
Il est toujours difficile de trouver un équilibre entre une intégration nationale et des franchises communautaires. Ce petit groupement humain réussit malgré tout à survivre dans un milieu souvent hostile, menacé à maintes reprises par des pressions.
Car, comme nous l'avons indiqué, cette émigration a incité les Mozabites à confronter, simultanément, plusieurs activés pour ne plus rester en marge des événements que traversait l'Algérie et pour aller de paire avec toute évolution.
Par peur d'un éventuel déracinement et pour ainsi maintenir leur intégrité communautaire, menacée par une telle dispersion, ceux-ci désignaient une djemâa dans chaque ville du Nord, pour assurait la défense des intérêts de cette communauté. Elle se réunissait régulièrement pour discuter des affaires communautaires et décider des positions à prendre, des revendications à présenter, souvent, en fonction des instructions reçues du M'zab.
Toujours dans l'objectif de maintenir l'intégrité du M'zab et de préserver son unité religieuse et sociale, des règles strictes étaient aussi imposées aux femmes mozabites.
C'est ainsi qu'il faut souligner que parmi toutes les (corporations) ayant subsisté depuis l'époque turque, celle des Mozabites était l'une des rares qui ait pu garder l'aspect (provisoire) de sa migration et maintenir des relations permanentes avec sa propre région.

La question se posait alors de déterminer la place que la société algérienne globale faisait, dans de telles conditions, à une communauté qui, confessionnellement, était, à la fois semblable et différente.
L'intérêt (ou plutôt l'objectif) de cette étude c'est de savoir comment est-il possible de préserver l'identité d'un groupe, d'une minorité silencieuse, celle de la société mozabite au sein d'une majorité sunnite souvent adverse et profondément secouée.

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